Tonga Mboka...

Après une formation en pilotage aux États-Unis, Déborah Kipulu retourne au pays en 2019 pour travailler dans l’une des compagnies aériennes nationales de la RDC, Congo Airways. CNP MAG est allé à sa rencontre pour qu’elle nous en dise plus sur ce métier qui est de plus en plus pris d’assaut par les femmes. 

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Une fois mon bac en poche en 2014, je suis allée en Angleterre vers 2015 pour faire des cours d’anglais pendant un an et demi à The Language gallery, pour obtenir mon IELTS (qui est un test d’aptitude en anglais qui sert à déterminer si oui ou non la personne s’en sortira pour suivre des cours universitaires en anglais). 

Ensuite, je suis allée en Floride, aux États-Unis où j’ai suivi une formation en pilotage privé (Private Pilot License). Je pouvais voyager, prendre des voyageurs mais je n’étais pas encore rémunérée. Par la suite, j’ai obtenu en deux ans une licence de pilotage en commercial multi-moteurs à l’American Flyers, Pompano Beach. Cette formation m’a donné l’autorisation de prendre des passagers et d’être enfin rémunérée. 

Enfin, j’ai suivi une énième qualification d’un mois sur le Airbus 320 à Aerostar Trainning Center à Orlando. La formation a pris fin en octobre 2018. En janvier 2019, je décide de rentrer au Congo. 

Est-ce facile de devenir pilote ?

Ce n’est pas facile de devenir pilote car c’est contraignant physiquement et mentalement. On est malheureusement très souvent isolé de ses proches.

Ce n’était pas intimidant pour vous de vous lancer dans un secteur qui est généralement dominé par les hommes ?

Ce n’est pas intimidant mais plutôt stimulant. Je n’ai jamais été ce genre de femmes qui pensent que certains métiers sont uniquement pour les hommes et d’autres pour les femmes. 

C’est pour cette raison que j’ai voulu prouver qu’en étant passionnée on peut atteindre n’importe quels objectifs. 

Comment expliquez-vous que de plus en plus de femmes congolaises deviennent pilotes?

Je pense que ces femmes partagent, comme moi, la passion pour le pilotage, les voyages et les avions.

Déborah Kipulu, pilote de la compagnie Congo Airways. Crédits @mackwantashi

Quelle difficulté avez-vous rencontré dans votre métier ?

La plus grande difficulté dans mon métier est liée aux horaires. Ne pas dormir chez moi 3 fois par semaines et loin de mon mari.

Pourquoi avoir fait le choix de travailler en RDC ?

J’ai choisi de travailler en RDC, mon pays d’origine parce que dans le domaine de l’aviation il y a tout à faire. Je pense qu’avec mon dynamisme, mon envie d’apprendre et mon envie de redonner une meilleure image du pays, je pourrai apporter ma pierre à l’édifice.

Comment voyez-vous la RDC dans 10 ans ?

Dans 10 ans je vois la RDC très évoluée simplement parce qu’il y a eu un changement dans plusieurs domaines, non seulement politique mais aussi dans d’autres domaines tels que celui de l’aviation. Le secteur de l’aviation ne cesse également d’évoluer. Mon rêve, voir des vols direct Kinshasa-Bruxelles ou encore Kinshasa-New York avec la compagnie Congo Airways sans passer par des connexions d’autres pays. Je souhaite aussi que la RDC ne soit plus sur la liste noire des compagnies aériennes interdites d’exploitation dans l’Union européenne. 

Quelles sont vos perspectives ? 

Mes perspectives sont d’acquérir le plus d’expériences possibles et de créer une école d’aviation performante avec des simulateurs ici à Kinshasa.

Avez-vous un message à passer aux congolais dans le monde ?

Nous avons des capacités, nous avons la passion, nous avons l’intelligence, nous pouvons donc le faire. Sortant des clichés du Congolais “fêtard, ambianceur et fainéant.”

Propos recueillis par Soraya ODIA

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