Tonga Mboka...

Au premier abord, et d’après ce que l’on connait, les théâtres congolais sont comiques. Pourtant, ça n’a pas toujours été le cas. Pendant la colonisation, les jeux scéniques s’apparentent à celles des Français et des Belges. On revient sur l’histoire de cet art du spectacle en RD Congo.

Trois épisodes de Motema 1 sont disponibles sur Youtube. © Leke Tv Officielle

« Bokilo Ndoki », « Que le meilleur gagne » ou encore « Yo na nga famille te » sont des théâtres congolais que l’on peut voir à la fois sur Internet et sur les chaînes de télévision au pays. Chaque histoire est différente, mais la base reste la même. On est dans la vie quotidienne d’un couple, d’une famille ou d’un groupe d’amis lingalophones qui vont vivre plusieurs situations drôles, mais réelles. L’humour cache en effet des histoires qui se sont déjà passées ou qui sont susceptibles d’arriver. Faudrait-il encore que le message soit saisi, car bien souvent, les comédiens sont si drôles que l’on ne retient que leurs répliques.

Au commencement était la parole

Importés par les missionnaires pendant la colonisation, les représentations théâtrales avaient pour thème la religion. D’ailleurs, le premier texte écrit et édité au Congo, en 1906 ,se nomme Joseph. Cette pièce retrace l’histoire du fils de Jacob vendu par ses frères, qui deviendra, par la suite, commandant de toute l’Egypte. Les prêtres catholiques évangélisaient par le biais du théâtre afin d’apprendre les récits bibliques au peuple.

Bien sûr, à cette époque, « la colonisation marque une séparation des groupes humains », souligne Antoine Muikilu Ndaye, docteur en Théologie de l’Université Catholique du Congo (UCC) dans sa thèse sur le théâtre en République Démocratique du Congo de 1905 à 1960.

On a donc un théâtre exclusivement blanc, jouées par des troupes blanches pour les Européens. Et on a des troupes africaines pour les Congolais. Ce n’est qu’après la Deuxième Guerre Mondiale, à partir de 1960 que l’on trouve des troupes interraciales. Pendant toute cette période, on est passé de sujets religieux à des sujets qui traitent de la vie quotidienne.

Qu’en penser ?

Aujourd’hui, les théâtres congolais distraient. Mais pas que. Si certains profitent des multiples épisodes sur Youtube pour rigoler, d’autres, en revanche, y voient un moyen d’apprentissage.

« Si je parle aussi bien ma langue maternelle [le lingala], c’est grâce à ça. Et c’est quelque chose que je n’ai pas envie de perdre », déclare Marie-Ange Kazadi, étudiante.

Comme l’on regarderait une série en « voix-originale », cela permet de parfaire la langue et d’apprendre de nouvelles expressions. Un autre point est mentionné, celui de l’intérêt pour la culture. Le Congo est connu pour sa musique, ses danses et sa nourriture variée. Mais aussi pour son art du spectacle et de l’improvisation.

« Je trouve que la jeunesse néglige beaucoup nos théâtres… surtout ceux qui sont nés en Europe, et qui ne connaissent pas vraiment. La jeunesse devrait s’intéresser à cette culture. À ces histoires qui sont parfois vraies », s’attriste Brandon Kabasele, employé.

Entre rire et distraction, les théâtres véhiculent des messages et dénoncent par l’usage de la satire. Ce qui est certain, c’est que cela fait partie d’un patrimoine culturel qu’ils nous faut maintenir à la fois au pays, que dans la diaspora.

Nicky KABEYA

 

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